Un traumatisme crânien conduit souvent à un passage aux urgences, avec parfois un scanner cérébral à la clé. Mais ces examens sont-ils toujours indispensables, compte tenu des risques liés à l’exposition aux rayons X ? Dans certains cas, une simple prise de sang pourrait suffire à écarter tout danger de lésions cérébrales.
Un traumatisme crânien conduit souvent à un passage aux urgences, avec parfois un scanner cérébral à la clé. Mais ces examens sont-ils toujours indispensables, compte tenu des risques liés à l’exposition aux rayons X ? Dans certains cas, une simple prise de sang pourrait suffire à écarter tout danger de lésions cérébrales.
Camille, six ans, est en train d’essayer le vélo qu’il vient d’avoir pour son anniversaire lorsque soudain il chute, et se cogne la tête contre le sol. En panique, ses parents prennent la décision de l’emmener aux urgences. Sur le trajet, Camille vomit à deux reprises … heureusement, les urgences ne sont plus très loin.
Après un peu d’attente dû à l’engorgement des urgences, Camille a eu un scanner cérébral afin de savoir si son cerveau avait été endommagé par la chute.Heureusement, le scanner n’a pas trouvé d’anomalie, Camille va donc pouvoir rentrer chez lui en compagnie de ses parents, rassurés.
Dans cette histoire, tout s’est bien terminé pour Camille, comme pour plus de 95% des patients présentant les mêmes symptômes.
Le scanner cérébral, parfois difficile d’accès du fait du nombre important de patients aux urgences, pose également un problème à cause de l’exposition aux rayons X. Il faut donc limiter au maximum les scanners inutiles chez les enfants.
Mais, est-ce que le scanner cérébral aurait pu être évité ?
C’est la question à laquelle des chercheurs clermontois essaient de répondre.
Dans certains cas, ce scanner pourrait être remplacé par une simple prise de sang.
En effet, des chercheurs clermontois ont évalué deux marqueurs présents dans le sang, appelés GFAP et UCH-L1, qui peuvent indiquer si le cerveau a été endommagé ou non.
Dans un premier temps, ils ont mesuré ces marqueurs chez des enfants en bonne santé pour définir ce qui est normal selon l’âge. Ensuite, ils ont testé ces marqueurs sur des enfants ayant eu un traumatisme crânien léger.
Les résultats sont très prometteurs puisque si les deux marqueurs sont normaux, cela garantit à 100 % qu’il n’y a pas de lésion grave et l’enfant pourrait ainsi rentrer chez lui immédiatement. Et si les deux marqueurs sont au-dessus des valeurs normales, un scanner est réalisé. Avec cette approche, de nombreux scanners inutiles pourraient être évités.
En clair, cette découverte pourrait transformer la prise en charge des traumatismes crâniens légers chez les enfants, puisqu’une simple prise de sang pourrait suffire pour éviter des examens lourds et des hospitalisations inutiles.
A savoir que le dosage de ces marqueurs est déjà disponible chez l’adulte même si à Clermont-Ferrand, c’est un autre marqueur sanguin qui est actuellement utilisé aux urgences générales.
Avec ces marqueurs, Camille et ses copains seront en sécurité… et les parents soulagés.
D’après la publication :
Puravet A, Oris C, Pereira B, Kahouadji S, Gonzalo P, Masson D, Durif J, Sarret C, Sapin V, Bouvier D. Serum GFAP and UCH-L1 for the identification of clinically important traumatic brain injury in children in France: a diagnostic accuracy substudy. Lancet Child Adolesc Health. 2025 Jan;9(1):47-56.
Texte rédigé par Antoine Puravet (iGRED, UCA/Inserm/CNRS) dans le cadre de la thèse « Intérêt des biomarqueurs cérébraux dans la prise en charge du traumatisme crânien léger » sous la direction du professeur Damien Bouvier, professeur des université et praticien hospitalier à l'UCA et au CHU de Clermont-Ferrand.