« Pas de fromage pour moi, c’est mauvais pour ce que j’ai. » Cette étude scientifique française montrant l’effet bénéfique sur la santé de certains fromages pourrait vous faire changer d’avis. - par Anna Diet
« Pas de fromage pour moi, c’est mauvais pour ce que j’ai ». Cette étude scientifique française montrant l’effet bénéfique sur la santé de certains fromages pourrait vous faire changer d’avis.
Connaissez-vous le point commun entre la choucroute, le vin, le kimchi, le kombucha ou encore le fromage ? Ce sont tous des aliments fermentés ! C’est-à-dire issus d’aliments transformés par des microorganismes, ce qui a changé leur goût, leur aspect ou encore leur texture : le lait est devenu du fromage, le raisin du vin, etc. Ce processus de fermentation est utilisé depuis des siècles pour conserver les aliments. Mais le travail des microorganismes ne s’arrête pas là ! Ils améliorent également l’impact de l’aliment sur notre santé, le rendant entre autre plus digeste, permettant une meilleure absorption de ses nutriments, et peuvent même être à l’origine de nouvelles molécules pouvant avoir un impact positif sur notre santé, comme des molécules aux propriétés antioxydantes.
Le stress oxydant, un déséquilibre pouvant altérer la santé
Il existe dans l’organisme un équilibre entre la production de molécules oxydantes, pour lutter contre les pathogènes ou favoriser la cicatrisation, et des mécanismes de défenses antioxydants, pour éviter leur accumulation toxique. L’âge, la pollution, et d’autres stress peuvent déséquilibrer ce mécanisme, entrainant une situation appelée stress oxydant. Ce dernier accélère le vieillissement, fatigue l’organisme et est impliqué dans de nombreuses pathologies. L’utilisation de molécules aux propriétés antioxydantes peut s’avérer bénéfique pour la santé. Il est dorénavant largement connu que les fruits et légumes en sont naturellement riches.
Et les fromages dans tout ça ?
D’autres aliments, sous l’effet de la fermentation, pourraient produire de nouvelles molécules permettant d’agir contre le stress oxydant. Est-ce le cas pour les fromages ? Ces aliments fermentés sont largement produits et consommés en France (entre 20 et 30 kg par an et par personne !), néanmoins, très peu d’études existent sur leur impact sur la santé. Une équipe française s’est intéressée au potentiel antioxydant de huit fromages français au lait cru que l’on peut trouver dans le commerce.
Une étude menée sur un organisme vivant innovant
L’originalité de cette étude est de travailler sur un organisme modèle un peu particulier, un petit ver appelé Caenorhabditis elegans. Mesurant environ 1 mm de long et se nourrissant de bactéries, ce dernier peut être facilement utilisé en laboratoire. Mais il possède surtout de nombreuses ressemblances biologiques avec l’homme, y compris sa sensibilité face à une situation de stress oxydant.
L’étude a consisté à ajouter dans sa nourriture (bactéries) un peu de fromage (supplémentation), avant de l’exposer à une molécule oxydante (exposition que nous appellerons agression) et d’étudier sur lui les conséquences de cette agression.
Le fromage, un allier insoupçonné !
Les huit fromages étudiés ont permis de protéger le ver face à l’agression en diminuant son accumulation de molécules oxydantes par rapport à un témoin non supplémenté (groupe contrôle). Cet effet bénéfique dans l’organisme vivant a également été retrouvé dans un modèle de cellules humaines, suggérant un potentiel effet bénéfique sur l’Homme.
Cette étude montre pour la première fois que les fromages au lait cru possèdent des propriétés permettant de protéger un organisme vivant face à une situation de stress. Pourraient-ils aussi avoir un impact sur le vieillissement, voire même sur des pathologies ? De quoi pousser la réflexion sur ces aliments, et pas uniquement entre la poire et le fromage.
D’après la publication :
Diet, A.; Poix, C.; Bonnet, M.; Coelho, C.; Ripoche, I.; Decombat, C.; Priam, J.; Saunier, E.; Chalard, P.; Bornes, S.; Caldefie-Chezet, F. ; Rios, L. Exploring the Impact of French Raw-Milk Cheeses on Oxidative Process Using Caenorhabditis Elegans and Human Leukocyte Models. Nutrients 2024, 16, 1–19.
Texte rédigé par Anna Diet (UMR Fromage, VetAgro Sup) dans le cadre de la thèse « Développement et mise en œuvre d’une stratégie de recherche de métabolites bioactifs naturels, issus de matrices fromagères, et efficaces contre l’arthrose » sous la direction du professeur Laurent Rios (UMR Fromage, VetAgro Sup) et du professeur Florence Caldéfie-Chezet (Unité de Nutrition Humaine, UCA)