La BD ibérique au cœur d’un projet international… et auvergnat !

La bande dessinée ibérique au cœur de la recherche auvergnate ? Oui grâce au projet iCOn MICs[1] ! Ce projet européen est porté en Auvergne par l’Université Clermont Auvergne (UCA) et le laboratoire du CELIS[2]. Viviane Alary, professeure émérite, et Virginie Giuliana, professeure des universités, sont toutes les deux chercheuses au CELIS. Elles ont assuré successivement la coordination de ce projet, et Viviane Alary nous offre ici un aperçu des enjeux de cette recherche sur le 9ème art ibérique.
 

Pourquoi avoir choisi la bande dessinée ibérique (Espagne, Portugal et Amérique latine) comme objet d’étude ?

V. A. : Il s’agit tout d’abord de mon objet d’étude principal depuis ma thèse réalisée en 1994, et je suis par ailleurs hispaniste. Ce choix de recherche est motivé par l’importance de l’aire culturelle ibérique dans la production de la bande dessinée internationale et son manque de visibilité et d’étude globale. En outre, objet culturel longtemps déprécié, la bande dessinée est considérée à présent comme un réel patrimoine culturel national à préserver dans les divers pays ibériques et ibéro-américains.

Ce projet s’intéresse ainsi aux comics studies : auriez-vous une définition de ce champ de recherche particulier ?

V. A. : Les comics studies concernent la recherche sur la bande dessinée au sens large : de l'humour graphique au manga en passant par les comic-book[3] et bien sûr le roman graphique. C’est une recherche spécifique et interdisciplinaire réunissant des chercheur·e·s de disciplines différentes telles que l’histoire de l’art, la littérature, les sciences sociales, l’esthétique ou encore l’histoire culturelle et les études culturelles. En outre, on note un intérêt plus large des sciences en général - et pas uniquement des SHS[4] -  pour les comics studies, avec des investigations centrées sur la bande dessinée comme outil de médiation, vulgarisation et de communication scientifique. Ces comics studies représentent maintenant un champ de recherche à part entière, même s’il reste encore du chemin à parcourir pour une véritable reconnaissance académique !

iCOn-MICs c’est plus de 250  chercheur·e·s impliqué·e·s dans 25 pays différents[5] ! Quels étaient les objectifs de ce projet tentaculaire ?

V. A. : Les travaux de recherche sur la bande dessinée de l’espace ibérique se sont largement développés ces dernières décennies, mais souffrent d’un manque de reconnaissance académique et de visibilité à l’échelle internationale. Nous avons donc souhaité entreprendre un travail de fond sur la manière de développer et renforcer la recherche en cours en fédérant les réseaux et les communautés, répartis entre l’Europe et l’Amérique latine. Le programme COST[6] de Horizon Europe convenait tout à fait à cette approche ascendante et de mise en réseau.

Colloques internationaux (République tchèque, France, Irlande, Mexique…), webinaires, écoles de formation, publications scientifiques, table rondes… Tous les événements et activités que l’on a pu mener à bien ont permis de tisser d’importants liens entre les différents pays impliqués. Et ce projet iCOn-MICs a permis de créer un réseau de recherche international majeur composé de doctorant·e·s, chercheur·e·s, critiques, éditeur·rice·s et artistes, membres d’associations et d’institutions nationales et internationales. Tous et toutes étaient impliqué·e·s dans la connaissance et la reconnaissance de la bande dessinée de l’aire culturelle ibérique. Nos travaux de recherche et nos actions ont également contribué au renforcement du dialogue entre la recherche, l’industrie culturelle de la BD, les institutions culturelles et le monde éducatif.

Pour en savoir plus sur ce projet européen, rendez-vous sur le site internet dédié :
https://iconmics.hypotheses.org/