Publié le 18 avril 2024 Mis à jour le 18 avril 2024
CESPAU UCA
CESPAU UCA
Vincent Moncorgé
Vincent Moncorgé

 

« Dans l’IA, les données c’est un peu comme les fondations d’un bâtiment. »


Roxane Jouseau est doctorante en informatique, au sein du Limos (Laboratoire d'informatique, de modélisation et d'optimisation des systèmes) et de l’entreprise Agaetis. Pour cette artiste dans l’âme, l’informatique est le moyen idéal d’allier rigueur scientifique et créativité.

Avec ses cheveux multicolores et ses vêtements bricolés maison, Roxane ne colle pas vraiment au stéréotype de l’informaticien.ne. Il faut dire que depuis le collège, la jeune femme hésite entre l’art et les sciences. Bonne élève, elle est naturellement orientée vers un bac scientifique puis une prépa maths-physique. Pas question pour autant d’abandonner sa fibre artistique. Heureusement en prépa, elle découvre une matière scientifique qui allie ses deux amours : l’informatique. Elle choisit alors de poursuivre ses études en intégrant l’Isima (Institut supérieur d'informatique, de modélisation et de leurs applications), une école d’ingénieurs qui lui offre l’opportunité de partir à Tokyo pour un stage de six mois au NII (National institute of informatics). Elle y découvre le monde de la recherche, qu’elle ne quittera plus.

Soucieuse de ne pas s’éloigner du monde réel, Roxane choisit de réaliser une thèse en entreprise dans le cadre d’un programme Cifre (Convention industrielle de formation par la recherche). Son sujet d’étude : évaluer la qualité des données utilisées pour entraîner les algorithmes d’intelligence artificielle (IA). « Dans l’IA, les données c’est un peu comme les fondations d’un bâtiment, explique la doctorante. On ne les voit pas quand le bâtiment est construit mais si elles ne sont pas de bonne qualité, le bâtiment est instable, il peut pencher, voire s’écrouler ! »

Entraînée à partir de données de qualité insuffisante, une IA peut ainsi rencontrer des problèmes, souvent invisibles au premier abord mais qui la rendent peu fiable, au point d’entraver son fonctionnement. Ainsi une IA entrainée à reconnaitre des photos de chiens et de chats peut échouer à identifier un chat noir sur un cliché, si les images utilisées pour cet apprentissage ne contenaient pas ou très peu de félins au pelage sombre.

Le défi de Roxane consiste donc à développer un outil capable de mesurer la qualité de ces données et de décider si leur qualité est suffisante pour entraîner des algorithmes d’IA. Un travail qui convient comme bien à sa personnalité : il allie la rigueur de la méthode scientifique à la créativité nécessaire à l’exploration de nouvelles approches et solutions.

Même en dernière année de doctorat, une période réputée très éprouvante, la jeune femme continue à consacrer du temps à ses passions, notamment la couture. Le manteau qu’elle porte sur la photo ? C’est elle qui l’a créé. Elle ne sait pas encore si elle fera de l’informatique ou même des sciences toute sa vie.  Mais ce qu’elle sait à coup sûr, c’est que quoi qu’elle fasse, elle le fera avec art.