Publié le 18 avril 2024 Mis à jour le 18 avril 2024
CESPAU UCA
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Vincent Moncorgé
Vincent Moncorgé

 

« Même ma première dissertation, lorsque j’avais seize ans, portait sur les inégalités sociales à l’école ! »


Nele Claes est postdoctorante au Laboratoire de psychologie sociale et cognitive (LAPSCO) à l’Université Clermont Auvergne. Elle y explore une thématique qui l’interpelle depuis l’enfance : les origines et les effets des inégalités sociales.

Pas un jour ne passe sans que Nele s'interroge sur les inégalités sociales. Elle s’en étonnerait presque : en se remémorant son parcours, elle réalise que sa curiosité l’a toujours ramenée à la question des différences socio-économiques, leurs origines et conséquences. « Même ma première dissertation, lorsque j’avais 16 ans, portait sur les inégalités sociales à l’école ! » se souvient-elle avec amusement. À l’époque, elle vit à Bruxelles, où elle grandit entre des terrains de foot – souvent improvisés – et une coopérative socio-culturelle, à servir de petite main pour toutes les activités : ciné-club, école des devoirs, débats politiques, etc. Sensibilisée aux différences sociales depuis son plus jeune âge, le choix au lycée d’une orientation en sciences sociales est une évidence.  

En 2013, Nele se réoriente vers des études de psychologie après une année d’étude en sciences politiques. Ses petits boulots étudiants sont en lien avec les inégalités mais lui permettent aussi de mettre un pied dans le monde de la recherche : tutrice dans des écoles en REP (réseau d’éducation prioritaire), puis assistante de recherche. Après cinq années d’études et un diplôme en poche, elle arrive en France pour faire du thème qui lui est cher le cœur de son métier. Son aventure débute à Chambéry, à l'Université Savoie Mont Blanc, où elle entreprend une thèse sur les inégalités sociales dans le domaine de la santé mentale et crapahute dans les montagnes le week-end venu. Depuis 2022, elle poursuit ses aventures à l’Université Clermont Auvergne, où elle s'intéresse aux inégalités sociales dans le contexte scolaire et de la vie politique.

Pour les comprendre, la jeune chercheuse utilise la psychologie sociale, une branche de la psychologie dédiée à l'étude de l'influence des autres, qu'ils soient réels ou imaginaires, sur le comportement et les pensées des individus. Cette approche lui permet d'analyser les facteurs, tels que le statut socio-économique et les idéologies, qui sous-tendent les interactions humaines et participent à modifier le fonctionnement des individus.

Nele s'est ainsi intéressée, avec ses collègues, à l'impact de la crise et du sentiment d'insécurité financière sur la confiance envers les institutions politiques, comme le gouvernement. L’idée était de comprendre pourquoi les crises économiques ou sanitaires, comme celle du Covid, diminuent la confiance envers les politiciens, particulièrement chez les personnes aux plus bas revenus. Ses recherches montrent que lorsqu’on ressent de l’insécurité économique, on perçoit une plus grande différence entre sa propre situation et celle de l’élite dirigeante, nous amenant à moins lui faire confiance. Ses recherches suggèrent que les différences de fonctionnement entre les individus ne sont pas naturellement présentes et que les caractéristiques de notre société participent à les créer.

L’insécurité économique joue-t-elle aussi un rôle dans la crise écologique ? Influence-t-elle les intentions de respecter les futures règlementations ? Inlassable exploratrice des inégalités, la jeune chercheuse est loin d’avoir épuisé son sujet…