« Si je devais résumer mon métier, je dirais que c’est un patchwork d’activités diverses. »
Magali Magne est ingénieure en électronique au Laboratoire de physique de Clermont. Depuis 2003, elle participe au développement et à l’installation d’appareils de mesures dans le domaine de la physique des particules. Son métier ? Elle le voit comme un jeu très sérieux, au service de la recherche.
Elle s’en souvient encore, de ce badge clignotant, sa première création électronique réalisée en classe de cinquième. L’élève moyenne qu’elle était alors ne le savait pas encore, mais il allait la mener très loin… jusqu’aux États-Unis sur un site d’accélérateur ou au sommet d’un volcan au Nicaragua ! Qui aurait pu croire qu’un simple projet de collège allait faire naitre chez la jeune fille un irrésistible besoin de créer et de donner vie à des objets ?
Cette passion naissante la mène en BTS électronique, puis à une carrière dans le ce même domaine, jusqu’au service « Développement d’interface optoélectronique » chez Alcatel Optronics. Là, elle fait une rencontre décisive : un ingénieur de conception lui donne envie de reprendre ses études. Cette expérience lui confirme qu’en électronique aussi, elle veut concevoir ! Car bricoler, inventer, créer, elle le fait depuis longtemps, à travers le patchwork. Au milieu d’un joyeux méli-mélo de bobines de fils et de bouts de tissus, elle imagine des ouvrages à son image, où lignes droites et courbes se rencontrent. Une passion pas si éloignée de son envie de créer en électronique.
« Aujourd’hui, je conçois pour la recherche des appareils qui n’existent pas, du moins pas encore », dit-elle avec malice. Et pas dans n’importe quel domaine de recherche : celui de la physique des particules, de l’infiniment petit, où les équipements sont paradoxalement très grands ! Et les projets tout aussi gigantesques, rassemblant des centaines, voire des milliers de personnes. Magali est l’une d’elles. Des physiciens ont des idées sur le détecteur de particules dont ils ont besoin ? Charge aux ingénieurs et techniciens de le réaliser ! Pour l’électronique, Magali doit optimiser la conception du système en fonction de multiples contraintes : budget, temps, composants existant sur le marché… Puis il faut tout assembler : « C’est comme un jeu de lego ! », s’amuse l’électronicienne. Et enfin programmer. Devenu intelligent, « le lego doit faire ce qui a été défini au début. Le but est que cela fonctionne mais c’est souvent un casse-tête ! » Le genre de défi qu’elle relève avec plaisir.
Une fois le jeu de logique terminé, l’ingénieure chausse ses chaussures de sécurité, enfile son bleu de travail et descend à 100 mètres sous terre dans une caverne du CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire), crapahuter sur des échafaudages, installer, tester, faire fonctionner les équipements qu’elle a participé à concevoir.
Si elle devait résumer son métier, elle dirait que c’est un patchwork et que ça lui convient plutôt bien. Qu’elle aime relever les défis, que cela tombe bien car chaque nouveau projet lui en propose un, parfois simple, parfois complexe. Que c’est justement cela qui est amusant. Le prochain la mènera-t-il au bout du monde ou de l’autre côté du couloir ? Qu’importe, elle sent déjà clignoter au fond d’elle une furieuse envie d’aller voir…