Publié le 18 avril 2024 Mis à jour le 18 avril 2024
CESPAU UCA
CESPAU UCA
Vincent Moncorgé
Vincent Moncorgé

« Je n’ai jamais passé mes week-ends à bricoler dans un garage, mettre les mains dans les moteurs, ça n’a jamais été mon truc ! »


Hélène Chanal est enseignante-chercheuse en génie mécanique à l’Institut Pascal. Faisant fi des stéréotypes, elle développe des techniques pour maîtriser au dixième de micron près robots industriels et machines-outils.

Hélène est tombée sur la mécanique un peu par hasard, comme on tombe amoureuse. À 14 ans, si on lui avait dit qu’un jour elle développerait des méthodes pour maîtriser les mouvements de robots industriels, elle aurait bien ri. À l’époque, elle passait plus de temps avec des chevaux qu’avec des outils. « Je n’ai jamais passé mes week-end à bricoler dans un garage, mettre les mains dans les moteurs ça n’a jamais été mon truc ! », avoue-t-elle.

Mais la jeune fille est douée en sciences et très vite, elle comprend que l’ingénierie donne du sens aux apprentissages : grâce aux mathématiques et aux sciences physiques, il est possible de prévoir le fonctionnement d’un mécanisme, de l’améliorer… Elle réalise que le génie mécanique est une science appliquée, qui permet de structurer les méthodes de création et de réalisation d’un objet. Sans les hommes et femmes formés à cette spécialité, il n’y aurait pas de voitures, pas d’avions ni aucun objet technique peuplant notre quotidien !

Au lycée, la technologie lui plaisant plus que les sciences de la vie et de la terre, direction un bac S option techno, puis une classe prépa, l’ENS (École normale supérieure), l’agrégation de génie mécanique (qu’elle majore !) et enfin une thèse, soutenue en 2006. Malgré ses réussites académiques, elle doit continuellement affirmer sa légitimité dans ce milieu très masculin, où on ne cesse de lui rappeler que « l’usinage ce n’est pas pour les filles ».

Désormais chaque jour, après avoir embrassé ses deux enfants, Hélène s’engouffre dans une grosse boule en verre sur le plateau des Cézeaux, l’école d’ingénieurs SIGMA Clermont. Là, elle réalise de véritables opérations d’horlogerie : pour la réalisation de certaines pièces automobiles ou aéronautiques, le niveau de précision attendu est de l’ordre de 0,1 mm à 0,01 mm ! Son travail consiste à représenter, à l’aide de modèles mathématiques, le comportement théorique de robots industriels ou de machines-outils pendant l’usinage de matériaux métalliques. Pour cela, elle utilise les principes fondamentaux de la mécanique et réalise des mesures expérimentales pour identifier et valider les modèles développés.

Fière de son métier, elle participe à un grand défi de société, la réindustrialisation verte et durable de la France. Et elle a le privilège de visiter des lieux exceptionnels : un sous-marin nucléaire en activité, une ligne de production Mazda au Japon, Airbus en France… De quoi alimenter ses futurs projets scientifiques et nourrir son amour inattendu du génie mécanique !