« Les sciences ne sont pas l’œuvre d’un génie, mais des aventures humaines partagées, tangibles et incarnées ! »
Claire Faidit est enseignante à l’Inspé (Institut national supérieur du professorat et de l'éducation) et doctorante au laboratoire ACTé (Activité, Connaissance, Transmission, éducation) à l’Université Clermont Auvergne et à la Haute École Pédagogique de Vaud en Suisse. Débordante d’énergie, elle poursuit sa quête avec obstination : repenser l’apprentissage des sciences.
Claire se souvient encore de ses débuts en tant qu’enseignante agrégée de sciences de la vie et de la terre dans un collège du sud de la France. Face aux élèves, armée de son solide bagage de connaissances, quelque chose clochait. Ou plutôt quelque chose manquait. Les sciences, la jeune femme ne veut pas seulement les enseigner, mais aussi les comprendre, les faire vivre, les partager.
C’est ce qu’elle s’échine à explorer depuis lors. Très vite, grâce à une formatrice inspirante de l’IUFM (actuel Inspé), elle perçoit que les sciences peuvent être enseignées et apprises de différentes manières, notamment en amenant les élèves à endosser le rôle de « chercheur en herbe ». Poussée par une envie constante d’améliorer ses enseignements, elle s’engage dans un master en histoire, philosophie et didactique des sciences, qui transforme radicalement sa perception : « Les sciences ne sont pas l’œuvre d’un génie, mais des aventures humaines partagées, tangibles et incarnées ! », s’enthousiasme-t-elle.
Convaincue de la force du collectif, Claire souhaite partager ses réflexions, ses pratiques. Elle s’engage dans plusieurs associations professionnelles et devient à son tour formatrice d’enseignant.es. Mais quelque chose lui manque encore. Obstinée, elle veut mieux comprendre les théories de l’enseignement, de l’apprentissage et de la formation. Après la didactique, c’est de pédagogie dont elle a besoin. Cap sur une second master, puis une thèse. Son sujet ? Etudier comment une enseignante et ses élèves évaluent leurs hypothèses, les discutent et les modifient, en s’appuyant sur quatre questions clés : L’hypothèse répond-elle à la question posée ? Contient-elle une explication ? Est-elle cohérente avec ce que sait la classe ? Soulève-t-elle de nouvelles interrogations ? Pour cela, Claire observe une séance de classe – sur la reproduction des plantes à fleur – qu’elle a aidé à concevoir dans le cadre d’une recherche collaborative, où formateur.trice.s et étudiant.es travaillent ensemble pour résoudre des problèmes d’enseignement et d’apprentissage.
« Je veux montrer que travailler sur les hypothèses en classe, ce n’est pas juste demander aux élèves leurs idées et sélectionner celles qui sont exactes, pour ensuite faire des expériences, explique-t-elle. Autrement dit, je veux transformer les pratiques enseignantes en essayant de conceptualiser une autre façon de travailler les hypothèses avec les élèves, afin d'enrichir les pratiques existantes. »
Au fond, l’enseignante n'a jamais cessé d'être étudiante. Elle projette déjà de se perfectionner pour appréhender les spécificités des établissements français à l’étranger… En tant que jeune chercheuse, guidée par ses rencontres, elle trace sa route avec détermination, convaincue que l'enseignement et la recherche, main dans la main, peuvent révolutionner la manière dont nous apprenons.