Publié le 18 avril 2024 Mis à jour le 18 avril 2024
CESPAU UCA
CESPAU UCA
Vincent Moncorgé
Vincent Moncorgé

 

« Les instruments ainsi que les équipes de recherche venus d’Europe se retrouveront au sommet, la tête dans les nuages. »


Agnès Borbon est chercheure au CNRS, au Laboratoire de Météorologie Physique à Clermont-Ferrand. Tout juste rentrée d’une campagne de mesures de la pollution de l’air au Brésil, galvanisée par l’aventure humaine qu’elle y a vécu, elle se projette avec allégresse dans les analyses de données à venir.

Avant de goûter aux sciences, c’est d’abord d’ailleurs qu’Agnès s’est nourrie, avec le ciné-club de quartier de son enfance, qui lui ouvre les portes de pays et de cultures lointaines. Adolescente, elle a la chance de participer à des échanges scolaires outre-Atlantique, encouragée par ses parents, puis poursuit les escapades en famille grâce à une maman aimant l’anglais et un papa prêt à s’endetter pour voyager. L’envie d’ailleurs ne l’a plus jamais quittée.

Faire des sciences en revanche n’était pas une évidence. « Bonne élève, j’aurais pu faire plein de choses ! L’étude des langues étrangères m’attirait aussi » se souvient-elle. C’est finalement sa sensibilité à l’environnement qui la conduit vers des études universitaires en physico-chimie appliquée aux pollutions et aux nuisances. Dès le master puis en thèse, elle découvre l’atmosphère, ses mouvements, mais aussi son cocktail de polluants responsables de plus de cinq millions de décès chaque année dans le monde et du dérèglement climatique. Elle rentre au CNRS en 2005 comme chargée de recherche : elle y développera des projets pour mesurer et identifier l’origine de certains groupes de polluants, les composés organiques volatils (COV) et comprendre comment ils se transforment dans l’atmosphère.

Aujourd’hui, son approche est le juste reflet de ce qu’elle aime et qui l’anime : une science hors les murs, sur le terrain, dans des zones sensibles sous pression anthropique, au plus près du réel, qui peut l’éloigner pour quelques semaines du laboratoire. La chercheure fait ses premières armes dans les campagnes de grands programmes internationaux, où elle place ses instruments de mesure à bord d’avions de recherche pour suivre les masses d’air polluées, comme celles des villes africaines ou de Méditerranée. Elle y découvre l’altérité, le travail d’équipe, l’émulation, la débrouille aussi, et embarque parfois toute la famille dans l’aventure. La bougeotte ? Oui, mais réfléchie et raisonnée dans un monde où se déplacer n’est pas sans impact pour l’environnement. Le terrain pour Agnès peut aussi être très proche : avec ses collègues et les étudiants, elle se prépare déjà pour une prochaine campagne au printemps 2024 au sommet de la station de l’observatoire atmosphérique du puy de Dôme : « Il y sera question de transformations chimiques et biologiques des polluants dans l’atmosphère nuageuse, s’enthousiasme la scientifique. Les instruments et les chercheurs venus d’Europe se retrouveront au sommet, la tête dans les nuages. »