Exposition virtuelle : Les portes de givre
Faisant suite à l'installation de Land Art réalisée au sommet du puy de Dôme par l'artiste Sabine Mirlesse, cette exposition virtuelle retrace les différentes étapes du projet.
Accédez à l'exposition en cliquant sur l'image ou sur ce lien : https://www.opgc.fr/PortesDeGivre/info.html |
Une exposition virtuelle réalisée dans le cadre du projet SAPS vous permettra de découvrir un projet ambitieux de Land Art, associant art et science. Durant l'hiver 2022/2023 l'artiste Sabine Mirlesse a, en effet, installé au sommet du puy de Dôme une œuvre éphémère de Land Art baptisée Crystalline Thresholds | Les Portes de Givre. Cette œuvre consistait en une série de sept passages gelés et sculptés par les vents de l'Atlantique. Ce projet mêlant art et science, a été mené avec le soutien de l'Observatoire de Physique du Globe de Clermont-Ferrand (OPGC). Pierre Coutris, Ingénieur de Recherche au Laboratoire de Météorologie Physique (LAMP : UCA/CNRS) et Nathalie Huret, Professeure des Universités et Directrice de l’OPGC (UCA/CNRS) entre 2018 et 2021, en parlent :
« Début 2021, le chalet de l’OPGC, fondé au sommet du puy de Dôme par Émile Alluard sur décret du 29 décembre 1871, commémorait ses 150 ans d’existence. Lors de cette commémoration, l’idée de participer à un projet artistique a émergé. Nous pensions en effet que la science et l’art ont de nombreux points communs et qu’ils peuvent chacun donner un éclairage nouveau sur l’autre. Le projet de « Land Art » de Sabine Mirlesse, Les portes du givre, a tout de suite fait écho, non seulement à notre projet artistique mais aussi à nos travaux de recherche et à l’historique du site. En effet, Albert Mirlesse, le grand-père de l’artiste, a mené des travaux sur la formation de givre sur des ailes d’avion au sommet du puy de Dôme durant l’hiver 1936-1937. Nous étions en phase : histoire, science, art et société s’assemblaient à la perfection ! Ainsi avons-nous accompagné son projet, lui apportant la logistique de l’observatoire et nos compétences scientifiques. »
Mais au fait, c'est quoi le givre ?
« Le givre se définit par la déposition d’eau à la surface d’objets exposés au vent et aux nuages et par sa croissance sous forme couches de glace finement ciselées. C’est un phénomène naturel qui pare les végétaux de blanc et transforme, lorsqu’il est intense, la nature en un palais de glace, par les froids matins d’hiver. A la croisée de différentes disciplines scientifiques, l’étude du givrage occupe depuis près d’un siècle les ingénieurs qui, comme A. Mirlesse, veulent comprendre les multiples mécanismes physiques qui gouvernent sa formation et cherchent à concevoir des dispositifs techniques susceptibles d’éviter une accumulation trop importante de glace. »
Pourquoi mener ces recherches au sommet du puy de Dôme ?
« Que les premières expérimentations françaises sur le givrage des aérostructures aient été réalisées au sommet du puy de Dôme ne doit rien au hasard : les nuages sont l’ingrédient essentiel du givrage et la situation privilégiée du puy de Dôme, premier relief rencontré par les flux d’Ouest chargés d’humidité, a conduit à la création du premier Observatoire de France dédié à l’étude des nuages. Au sein de l’OPGC, l’étude des nuages et de leur cycle de vie est l’une des spécialités des scientifiques du laboratoire de météorologie physique (LAMP).
Depuis la première campagne de test réalisée à l’hiver 1936-1937 par A. Mirlesse, la station expérimentale a bien changé. D’abord simplement constituée d’une hélice et d’un moteur d’avion installés en plein air sur l’affût d’un canon, elle s’est muée aujourd’hui en une soufflerie de recherche pérenne, unique en Europe. Intégrée au sein du bâtiment de l’Observatoire et dotée d’instruments de mesure rendus plus performants par des décennies de progrès, cette soufflerie permet d’aspirer l’air nuageux (jusqu’à 430 km/h) et d’étudier ainsi les phénomènes de givrage en conditions naturelles. »
Qu'en est-il de la recherche sur le givre à l'OPGC aujourd'hui ?
« 85 ans après les travaux pionniers d’Albert Mirlesse, les moyens de se prémunir du givrage sont devenus suffisamment efficaces et les avions traversent régulièrement ces conditions météorologiques en toute sécurité. Dans la continuité de ces travaux historiques, des mesures de givrage continuent d’être réalisées au sommet du puy de Dôme durant la période hivernale pour tester et valider de nouveaux équipements. Les équipes de recherche de l’Observatoire sont également activement impliquées dans l’étude d’autres types de givrage afin d’améliorer toujours plus la sécurité en vol des avions de ligne. »
Que retenez-vous de ce projet ?
« Collaborer avec une artiste de cette qualité a été une expérience très riche mais aussi très stimulante grâce à l’apport de nouvelles questions scientifiques autour du givre. En effet, la station du puy de Dôme ne disposait pas jusqu’ici d’instrument permettant l’observation opérationnelle du givre : grâce à cette collaboration art et sciences, nous allons développer l’instrumentation à même de réaliser cette mesure et s’ensuivra un nouveau paramètre météorologique à long terme. Il complétera nos dispositifs afin d’affiner la caractérisation du changement climatique et l’observation des événements extrêmes en hiver. »
Accédez à la carte interactive du puy de Dôme : https://www.opgc.fr/PortesDeGivre/index.html |
Poursuivez ce voyage glacé avec le film "De mémoire, de métal et de givre" :
Réalisation : Sabine Mirlesse
Production : UCA
Année de production : 2024