Publié le 5 février 2024 Mis à jour le 5 novembre 2024

Guichet des Sciences - Une réponse d'Elisabeth Billard.

La fièvre est une élévation de la température corporelle qui survient lors d’une réaction inflammatoire. Le plus souvent, c’est une réaction de l’organisme à une infection par un microbe.

La fièvre fait intervenir le système immunitaire et le système nerveux. Lors d’une infection, les cellules immunitaires détectent des molécules étrangères (issues de la paroi d’une bactérie, du matériel génétique d’un virus…). Elles répondent alors par des messagers pro-inflammatoires appelés cytokines, dont certaines sont qualifiées de « pyrogènes » [1].

En permanence, le système nerveux régule la température corporelle en jouant sur la production et la dissipation de la chaleur. Au sein du système nerveux central, c’est l’hypothalamus[2] qui répond aux cytokines pyrogènes par la libération d’une autre molécule, la prostaglandine E2. En stimulant d’autres neurones, cette prostaglandine favorise la production de chaleur (thermogénèse) et réduit la perte de chaleur en jouant sur la contraction ou la dilatation des vaisseaux sanguins : la température corporelle augmente.

La fièvre a un coût énergétique important pour l’organisme mais elle est bénéfique, dans une certaine mesure : elle ralentit la multiplication des microbes, accélère le recrutement de certaines cellules immunitaires et améliore leurs capacités de destruction des microbes. Elle accélère aussi le déplacement des lymphocytes[3] vers leur lieu d’activation : le ganglion lymphatique. Une fièvre modérée ne doit donc pas être toujours traitée par des médicaments. Les « anti-pyrétiques » comme le paracétamol ou l’ibuprofène restent cependant très utiles en cas de réaction inflammatoire très forte avec une fièvre élevée.
 

[1] Adjectif désignant une substance qui produit de la chaleur, du grec pyr (le feu).

[2] Région du cerveau qui coordonne certaines fonctions vitales du corps, liées au système nerveux végétatif (SNV). Ce système nerveux régule les fonctions automatiques de l’organisme telles que la digestion et la respiration.

[3] Globules blancs dont le rôle est capital au bon fonctionnement du système immunitaire humain.

 
Référence

EVANS Sharon, FISHER Daniel et REPASKY Elizabeth, « Fever and the thermal regulation of immunity : the immune system feels the heat », Nature Reviews Immunology, N°15, 15 mai 2015, p. 335-349, disponible en ligne : https://www.nature.com/articles/nri3843 .